Réalisateur de cinéma animalier depuis plus de 30 ans, Laurent Charbonnier, natif de Blois, demeure attaché à ses racines. Amoureux de la Sologne où il réside, il y a ses plus beaux souvenirs de tournage. Rencontre.
Comment votre vocation est-elle née ?
La nature et les animaux me passionnent depuis l’enfance. J’ai commencé par la photo au collège, puis on m’a prêté une caméra Beaulieu avec laquelle j’ai tourné mes premières images. À 20 ans, j’ai vendu mon premier film à Marlyse de La Grange pour Les Animaux du Monde sur TF1… puis tout s’est enchaîné.
Quelles sont les particularités du cinéma animalier ?
Il est indispensable d’être guidé et conseillé par des gardes forestiers, des ornithologues qui vous mènent aux meilleurs “spots”. Ni craindre de se lever très tôt... Quant à la patience, elle n’est pas nécessaire si les repérages ont été efficaces. Cela dit, il m’est arrivé de passer plus de dix heures debout dans un affût, à attendre une cigogne noire…
Vous avez tourné des images pour Les Saisons de Jacques Perrin, sorti au cinéma en janvier 2016…
Oui, pendant deux ans, cela m’a beaucoup occupé. J’ai réalisé 24 missions, notamment pour filmer les vautours dans les Pyrénées, le balbuzard pêcheur en Écosse, les chevaux Tarpan en Hollande, ainsi qu’un couple de cincles plongeurs, petits oiseaux qui plongent dans les cours d’eau rapides. J’ai aussi tourné des images d’ambiance : feuilles d’automne en vol, brillances sur l’eau des ruisseaux, ombres de feuillages sur les troncs… Et quelques plans aériens pris depuis une montgolfière au-dessus de la forêt de Chambord.
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J’aime la rivière de la forêt de Chambord, où l’on peut facilement apercevoir une compagnie de sangliers, ou un cerf traverser l’eau dans une superbe lumière.
Chambord, est-ce un endroit que vous aimez particulièrement ?
C’est un lieu que j’adore. Enfant, je traversais souvent la forêt avec mes parents en voiture. J’avais le nez collé à la vitre, essayant d’apercevoir un cerf, un sanglier... J’ai aussi le souvenir de ce jeune cerf, observé le jour de mon premier affût. Couché sous un pommier, il était régulièrement distrait par la chute des pommes mûres, se levait pour les chercher dans l’herbe puis retournait faire sa sieste… C’était très drôle.
Quels sont vos lieux de prédilection en Sologne ?
J’aime la rivière de la forêt de Chambord, où l’on peut facilement apercevoir une compagnie de sangliers, ou un cerf traverser l’eau dans une superbe lumière. J’aime aussi l’étang de l’arche à Chémery, où des milliers d’oiseaux sont observables avec de bonnes jumelles : grèbes à cou noir, grèbes castagneux, mouettes rieuses... Les étangs de Saint- Viâtre et Marcilly-en-Gault, ou encore l’étang de Beaumont, qui appartient au conservatoire régional, sont également de très beaux lieux d’observation des oiseaux.
Quelle est votre plus belle découverte ?
Le premier nid de balbuzards pêcheurs revenus nicher en forêt d’Orléans, en 1984. Ces oiseaux avaient complètement disparu de France depuis des dizaines d’années. J’attends avec impatience le retour de mon oiseau préféré, le circaète Jean-le-Blanc. C’est un grand rapace migrateur qui revient d’Afrique pour se reproduire chez nous au printemps, et dont quelques couples seulement nichent en Sologne.